Partouz - Yann Moix
Voici quelques citations du bouquin-passages :
"Une fille qui avale mon sperme s'apprete à digérer mon plaisir"
" R._ Pendant des années, je me suis demandé pourquoi des mecs moches comme des culs parvenaientà coucher avec des filles belles comme le jour...Ce n'est pas une question d'argent - pas en première analyse (l'argent, c'est un sujet beaucoup plus compliqué, plus abstrait, auquel il faudrait consacrer tout une étude), non, c'est une question de névrose et de doigt mis dessus. Tu peux être le plus grand héro de tous les temps, dédier des livres qui paraissent chez Grasset à des femmes, mais ça ne sert à rien. Même les baiser bien ne sert à rien, si, au préalable, vous n'avez pas d'abord, les gars, mes amis, lecteur, circonscrit la plaie, la vraie belle plaie qui suinte et qui leur sert de biographie sexuelle, sociale, maritale, économique, politique et religieuse.
Q._ Il faut donc se livrer préalablement à une étude psychologique de la fille ?
R. _ Tu ne peux pas te faire une fille si tu es hors sujet avec. Mohammed en sait quelque chose...C'est ça qui l'a perdu. Toute la littérature que tu produits, et l'amas de tous ses actes, tout cela (ce barda, ce fatras, cet outillage, cet arsenal) est inutile si, d'abord, si avant, tu n'as pas délimité ces quelques millimètres carrés qui chez la femme, les femmes, suppurent, souffrent, sont le lieu, le vésuve de toutes les souffrances, la capitale millimétrique, presque invisible de la douleur. Range ton armée et sors ton scalpel, (abruti). Il faut de bons yeux. Si tu mets délicatement ton doigt là-dessus, c'est miraculeux : tu n'as plus (ensuite) le moindre effort à faire pour la garder. Elle t'appartient à vie. Elle t'appartient à mort. C'est ta femme ! Tu peux la tromper, lui faire des sales plans, c'est ta femme; elle est à toi, tu la gardes jusqu'à la mort. Et des milliers de types plus beaux que toi n'ont pas réussi à la garder, à la posséder, à la rendre amoureuse d'eux. Pourtant ils ont sué, ils ont perdu des dizaines de kilos, des centaines de milliers de francs, ils ont dit des choses drôles, à un moment elle a même rigolé. Un 28 avril (vers 16 heures) ils ont marché sur les mains. Elle a trouvé cela remarquable. Un 2 novembre, ils ont sorti leur sexe devant otu le monde à La Coupole pour montrer qu'ils étaient cap. Et puis il y a eu (21 avril) le voyage à Venise...C'était un voyage romantique (ils venaient de se jeter de la tour Eiffel en élastique la veille et elle avait trouvé çà <<pas mal >>), Venise. Mais il faut toujorus se méfier de Venise si on est hors sujet dans la névrose de la nana qui va avec. Mais tu as bien senti qu'au tréfonds d'elle-même cette femme n'était pas de ta vie, qu'elle ne voulait pas l'être, qu'il y avait quelque chose, comme un bruit de fond, style ronronnement de réfrigérateur, qui s'était installé entre elle et toi, et ça, camarade, ça (citoyen), c'est tout simplement parceque tu n'as pas su trouver le noyau atomique, la base de tout, le triangle de ses bermudes à elle, la salle des coffres qui renfermes (à jamais) la petite brûlure originelle, là où reposent, encore en activité, encore radioactifs, les mauvais souvenirs et les complexes, OEdipe et ses amis, toute la collection des traumatismes (de fille), les mauvaises expériences, les trucs incestueux, les attouchements pas cool, les avortements, les accidents, les coups et blessures et les blessures et coups."
"Sup de Co Reims 92
J'avais fait une prép-ENA, avant Sciences-po, et avant encore j'étais passé par sup de Co Reims. Un petit cauchemar climatisé où on fabriquait des chéfetons pour les entreprises de demain. A présent que demain appartenait au passé, on pouvait faire un (début de) bilan : la plupart des diplomés de ma promotion (1992, comme Momo et Pam au Caire en archi) étaient (en 2004) des cadres dépressifs qui s'étaient mariés (dès 1994) avec des thons. Ils étaient devenus des sortes de barbares, munis de bide, de carnets de chèques, de repas d'affaires, de soucis médicaux, mais jamais des soucis réellement artistiques, sentimentaux, littéraires, cinématographiques, politiques, idéologiques, politiques, musicaux, poétiques, lumineux, aériens, non. Ils étaient devenus (ils étaient restés) les barbares de 1992, les responsabilités en plus, le chéfisme en plus, le terrorisme et le harcèlement des secrétaires et de leurs inférieurs hiérarchiques en plus, des barbares et des incomplets, des têtes étroites, et des ignorants : s'ils n'avaient pas été ignorants, ils auraient su comme il est vain, comme il est mauvais de vouloir commander à des hommes. Ils auraient su que rien n'est faux comme la supériorité d'âge ou de commandement...De hiérarchie. Ils auraient su que rien n'est laid, infertile et singe comme la pauvreté du subordonné qui ne s'affranchit pas.
Non, franchement, le mariage, ce n'était pas pour moi."
"Non, je n'étas pas fidèle. << Il fallait me donner deux cents vie, Seigneur, et j'eusse offert mon coeur bien fidèlement deux cents fois >>. Mais là, c'était impossible : il y avait trop de bassins différents, trop de formes de seins dissemblables à découvrir, de culs cousins, ou frères, mais pas jumeaux pour un sou."